Le trading algorithmique, également appelé trading à haute fréquence (HFT) ou encore trading automatisé, suscite de nombreuses interrogations quant à sa légitimité et sa légalité. En tant qu’avocat spécialisé en droit des marchés financiers, nous allons vous apporter un éclairage complet sur ce sujet complexe et passionnant.
Qu’est-ce que le trading algorithmique ?
Le trading algorithmique est une méthode de passation d’ordres sur les marchés financiers qui repose sur l’utilisation d’algorithmes informatiques. Ces derniers sont programmés pour exécuter automatiquement des transactions selon des critères précis définis par leurs concepteurs, tels que la vitesse d’exécution, le prix, la quantité ou encore l’heure de passation de l’ordre. Le principal avantage du trading algorithmique réside dans sa rapidité d’exécution et dans la capacité des algorithmes à traiter un grand nombre d’informations en temps réel.
La réglementation du trading algorithmique
S’il est vrai que certaines pratiques liées au trading algorithmique peuvent être contestables et faire l’objet de critiques, il n’en demeure pas moins que cette activité est parfaitement légale, sous réserve de respecter les règles encadrant les marchés financiers. En effet, le trading algorithmique est soumis à une réglementation spécifique visant à protéger les investisseurs et à garantir le bon fonctionnement des marchés.
Dans l’Union européenne, c’est la directive MiFID II (Markets in Financial Instruments Directive) qui encadre le trading algorithmique. Cette directive, entrée en vigueur en janvier 2018, impose notamment aux entreprises de trading algorithmique de :
- disposer d’un agrément en tant qu’établissement de crédit ou entreprise d’investissement ;
- mettre en place des systèmes de contrôle interne adaptés pour surveiller et limiter les risques liés à cette activité ;
- déclarer leurs algorithmes auprès des autorités compétentes (en France, l’Autorité des marchés financiers – AMF) ;
- effectuer des tests réguliers de leurs algorithmes et conserver les résultats de ces tests pendant au moins cinq ans.
Aux États-Unis, le trading algorithmique est également soumis à une réglementation spécifique. La Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité de régulation des marchés financiers américains, impose notamment aux entreprises de trading algorithmique de :
- se conformer aux règles du National Market System (NMS), un ensemble de règles destinées à assurer la transparence et la concurrence entre les différentes places boursières ;
- se soumettre à différentes obligations d’enregistrement et de divulgation d’informations ;
- respecter les règles de conduite édictées par la SEC en matière de manipulation des cours et d’abus de marché.
Les critiques à l’encontre du trading algorithmique
Malgré cette réglementation, le trading algorithmique fait l’objet de nombreuses critiques. Certains détracteurs considèrent en effet que cette pratique peut être source d’instabilité sur les marchés financiers. Ils mettent notamment en avant le risque de survenue d’événements tels que le « Flash Crash » de 2010, au cours duquel les marchés américains ont connu une chute brutale et soudaine, avant de se reprendre presque aussi rapidement. Ce phénomène a été attribué à un algorithme de trading particulièrement agressif qui aurait déclenché une cascade d’ordres de vente automatisés.
D’autres critiques portent sur le fait que le trading algorithmique pourrait favoriser certaines formes de manipulation des cours et d’abus de marché. Par exemple, certains acteurs pourraient utiliser des algorithmes pour créer artificiellement une demande ou une offre sur un titre afin d’en influencer le cours, dans le but de réaliser des bénéfices illicites. C’est notamment pour lutter contre ces pratiques que la réglementation du trading algorithmique a été renforcée au cours des dernières années.
Le rôle des autorités de régulation
Face à ces enjeux, les autorités de régulation ont un rôle primordial à jouer pour garantir la légalité et la transparence du trading algorithmique. Elles doivent veiller au respect des règles encadrant cette activité et sanctionner les abus éventuels. À cet égard, la coopération internationale entre régulateurs est essentielle, compte tenu de la nature globale des marchés financiers et du fait que les entreprises de trading algorithmique peuvent opérer à travers plusieurs juridictions.
Par ailleurs, les régulateurs doivent également adapter leur arsenal juridique et technique pour être en mesure de faire face à l’évolution constante des pratiques et des technologies liées au trading algorithmique. Cela implique notamment de renforcer leurs compétences en matière d’analyse des données et d’intelligence artificielle, afin d’être en mesure de détecter et d’enquêter efficacement sur les comportements illicites ou abusifs.
Une activité légale sous réserve de respecter la réglementation
En définitive, le trading algorithmique est une activité parfaitement légale, dès lors qu’elle est exercée dans le respect des règles encadrant les marchés financiers. Néanmoins, cette pratique n’est pas exemptée de critiques, notamment en raison des risques d’instabilité qu’elle peut engendrer et du potentiel d’abus qu’elle peut offrir à certains acteurs malintentionnés. Les autorités de régulation ont donc un rôle crucial à jouer pour assurer la légitimité et la transparence du trading algorithmique, tout en veillant à protéger les investisseurs et à garantir le bon fonctionnement des marchés.