Le cadre légal du portage salarial : ce qu’il faut savoir

Le portage salarial est une alternative intéressante pour les travailleurs indépendants qui souhaitent bénéficier de la sécurité et des avantages sociaux liés au statut de salarié. Ce dispositif est régi par un cadre légal spécifique, qui a évolué ces dernières années afin de mieux encadrer cette pratique en pleine expansion. Dans cet article, nous vous proposons d’explorer les différentes facettes du cadre légal du portage salarial et de vous donner quelques clés pour comprendre ses enjeux.

Le portage salarial : définition et principes

Le portage salarial est une forme d’emploi atypique qui permet à un travailleur indépendant (le «porté») de réaliser des prestations pour le compte de clients tout en étant lié par un contrat de travail avec une société de portage. Le «portage» consiste donc à transformer des honoraires issus d’une mission réalisée pour un client en salaire versé par l’entreprise de portage. Ainsi, le travailleur indépendant bénéficie du statut de salarié et des avantages sociaux qui y sont attachés, tels que la protection sociale (assurance maladie, retraite, chômage) ou la prise en charge des frais professionnels.

Cette forme d’emploi s’adresse principalement aux travailleurs autonomes ayant une expertise dans un domaine précis (consultants, formateurs, experts techniques…) et souhaitant exercer leur activité sans avoir à créer leur propre structure juridique. Le portage salarial peut également intéresser les salariés en transition professionnelle ou les personnes à la recherche d’un complément de revenu.

Le cadre légal du portage salarial : évolution et réglementation

Le portage salarial est apparu en France dans les années 1980 et a connu un essor important ces dernières années. Afin de mieux encadrer cette pratique, le législateur a progressivement instauré un cadre légal spécifique, qui s’est notamment renforcé avec l’ordonnance n°2015-380 du 2 avril 2015 relative au portage salarial.

Cette ordonnance a posé les bases du cadre légal actuel en définissant le portage salarial, ses conditions d’exercice et en instaurant un certain nombre de garanties pour les travailleurs concernés. Elle a été complétée par la loi n°2016-1088 du 8 août 2016 (dite «loi Travail») qui a précisé certains aspects du dispositif, notamment en ce qui concerne la rémunération des travailleurs portés.

Conditions d’exercice et garanties pour les travailleurs portés

Selon le cadre légal en vigueur, le portage salarial est encadré par un contrat commercial tripartite, conclu entre le travailleur porté, l’entreprise cliente et la société de portage. Ce contrat doit préciser la nature de la prestation à réaliser, sa durée ainsi que le montant des honoraires versés par le client à l’entreprise de portage. Parallèlement, un contrat de travail est signé entre le travailleur porté et la société de portage, qui précise notamment les conditions d’exécution de la mission et les modalités de rémunération du salarié.

Pour assurer une meilleure protection des travailleurs portés, le législateur a également instauré un certain nombre de garanties. Ainsi, la rémunération minimale du travailleur porté ne peut être inférieure au plafond mensuel de la Sécurité sociale (soit environ 3 428 euros bruts en 2021) ou, pour les missions d’une durée inférieure à un mois, au montant correspondant à 70 % du plafond horaire de la Sécurité sociale. Par ailleurs, en cas de rupture du contrat commercial par le client, le salarié porté bénéficie d’une indemnité compensatrice égale à 10 % du montant total des honoraires prévus pour la mission.

Réglementation des sociétés de portage

Les sociétés de portage sont soumises à une réglementation spécifique qui vise à garantir leur fiabilité et leur transparence. Elles doivent notamment respecter les dispositions du Code du travail relatives aux entreprises de travail temporaire et s’assurer que leurs salariés bénéficient des mêmes droits que ceux des autres salariés (congés payés, formation professionnelle…).

En outre, les sociétés de portage doivent adhérer à un syndicat professionnel représentatif, tel que le PEPS (Professionnels de l’emploi en portage salarial), qui veille au respect des règles déontologiques et professionnelles du secteur. Elles sont également tenues d’adhérer à une garantie financière permettant d’assurer le paiement des salaires, des cotisations sociales et des taxes en cas de défaillance de l’entreprise.

Les avantages et limites du cadre légal du portage salarial

Le cadre légal du portage salarial présente plusieurs avantages pour les travailleurs indépendants, notamment en termes de sécurité sociale et de protection juridique. En effet, en optant pour le portage salarial, les travailleurs autonomes peuvent bénéficier du statut de salarié, avec les droits et avantages qui y sont attachés (couverture maladie, retraite, chômage…).

Toutefois, le cadre légal actuel présente également certaines limites. L’une d’elles concerne la rémunération minimale, qui peut être un frein pour certains travailleurs indépendants dont les revenus sont inférieurs au seuil fixé par la loi. Par ailleurs, le dispositif n’est pas adapté à toutes les situations : il est notamment peu adapté aux professions réglementées (avocats, architectes…) ou aux activités commerciales.

L’avenir du cadre légal du portage salarial : enjeux et perspectives

Le portage salarial est un dispositif en pleine expansion qui suscite un intérêt croissant de la part des travailleurs indépendants et des entreprises. Toutefois, certains aspects du cadre légal actuel pourraient être amenés à évoluer afin de mieux répondre aux besoins des acteurs concernés.

Par exemple, la question de la rémunération minimale pourrait être réexaminée afin de rendre le dispositif plus accessible à un plus grand nombre de travailleurs indépendants. De même, le législateur pourrait envisager d’élargir le périmètre des activités éligibles au portage salarial ou de simplifier certaines démarches administratives liées à ce dispositif.

Enfin, le portage salarial pourrait également bénéficier d’une meilleure reconnaissance au niveau européen, notamment dans le cadre du projet de directive sur les conditions de travail transparentes et prévisibles actuellement en discussion au sein des institutions européennes. Cette évolution pourrait contribuer à renforcer la sécurité juridique et sociale des travailleurs portés et à promouvoir cette forme d’emploi auprès d’un public plus large.

Au-delà de ces perspectives d’évolution, il convient de souligner que le cadre légal du portage salarial offre aujourd’hui une alternative intéressante pour les travailleurs indépendants souhaitant conjuguer autonomie professionnelle et protection sociale. Il appartient désormais aux acteurs concernés (travailleurs portés, sociétés de portage, clients) de s’approprier ce dispositif et d’en tirer pleinement parti pour construire des parcours professionnels épanouissants et sécurisés.