Congés payés et arrêt maladie : vos droits décryptés par un avocat

Les congés payés sont un droit essentiel pour les salariés, mais qu’en est-il en cas d’arrêt maladie ? Comment ces deux éléments interagissent-ils et quels sont vos droits en tant que salarié ? Dans cet article, nous décryptons pour vous les implications juridiques des congés payés en cas d’arrêt maladie.

Le report des congés payés en cas d’arrêt maladie

Si un salarié tombe malade avant ou pendant ses congés payés, il est possible de reporter ces derniers. En effet, selon la jurisprudence de la Cour de cassation, un salarié qui se trouve dans l’incapacité de travailler pour cause de maladie a le droit de reporter ses congés payés non pris à une date ultérieure (Cass. soc., 24 février 2009, n° 07-45.401).

Cependant, ce report n’est pas systématique : il est nécessaire que le salarié fournisse un certificat médical attestant de son incapacité à travailler et qu’il informe son employeur dans les plus brefs délais.

La durée du report des congés payés

La durée du report dépendra de l’accord entre le salarié et l’employeur. Toutefois, si aucun accord n’est trouvé, le salarié peut saisir les prud’hommes pour faire valoir ses droits. Le juge pourra alors fixer la durée du report en tenant compte des circonstances de l’affaire, de la durée de l’arrêt maladie et des nécessités du service.

L’indemnisation des congés payés non pris

Si le salarié n’a pas pu reporter ses congés payés en raison de son arrêt maladie, il peut prétendre à une indemnisation financière. Cette indemnisation correspond au montant des congés payés non pris (Cass. soc., 13 mars 2013, n° 11-28.159). Elle doit être versée par l’employeur lors de la rupture du contrat de travail ou à la fin de l’exercice suivant celui au cours duquel les congés auraient dû être pris.

Le cumul des indemnités journalières et des congés payés

Il est possible pour un salarié en arrêt maladie de cumuler les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale avec les congés payés acquis, sous certaines conditions. Ainsi, si le salarié est en arrêt maladie pendant ses congés payés, il peut bénéficier des indemnités journalières s’il remplit les conditions d’attribution (notamment avoir travaillé au moins 200 heures au cours des trois mois précédant l’arrêt).

Toutefois, le cumul n’est pas possible si le salarié perçoit déjà une indemnisation complémentaire de son employeur ou si les conventions collectives applicables prévoient des dispositions contraires.

La protection contre le licenciement en cas d’arrêt maladie

Un salarié en arrêt maladie bénéficie d’une protection contre le licenciement. En effet, l’employeur ne peut pas licencier un salarié au motif de son absence pour maladie, sauf si cette absence perturbe gravement le fonctionnement de l’entreprise et si l’employeur doit procéder à son remplacement définitif (Cass. soc., 10 février 1988, n° 85-40.190).

Cette protection est renforcée pour les salariés victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle, qui bénéficient d’une protection spécifique pendant toute la durée de leur arrêt de travail et jusqu’à la fin de leur période de rééducation.

Ainsi, les congés payés en cas d’arrêt maladie soulèvent plusieurs enjeux juridiques pour les salariés et les employeurs. Il est essentiel de bien connaître ses droits et obligations dans ce domaine afin de prévenir tout litige et garantir une protection optimale aux salariés concernés.